André Santini : "Bayrou a fait la voiture-balai dans cette élection."
Dédé d'Issy-les-Moulineaux, alias André Santini , n'est finalement pas si faux cul qu'il y paraît. Loin de se livrer à la danse du centre, si à la mode en ce moment, le député-maire de cette triste bourgade de la banlieue parisienne, qui s’était rallié à Sarkozy avant le premier tour, ne prend pas de gants avec François Bayrou. D’abord, il rappelle que le score du Béarnais n’a rien d’historique. C’était peu ou prou ceux de Barre et de Balladur aux élections de 1988 et 1995. Ensuite, il explique pourquoi le centriste ne donnera pas de consigne de vote demain. Une interview sans langue de bois.
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Comment jugez-vous les résultats de dimanche soir ?
André Santini : Je suis content d'avoir soutenu Nicolas Sarkozy. Avec 31% des suffrages, il a fait un coup historique. Il a osé parler de sujets comme l'identité nationale ou l'acquis et l'inné. Ce n'était pas gagné d'avance. Il s'est montré bon stratège.
A qui vont profiter les 18% de voix obtenues par François Bayrou ?
A.S. : Comme à chaque élection, il y a le "candidat Pepsi", le deuxième choix de la droite. A chaque fois, qu'il se soit appelé Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre ou Edouard Balladur, il a récolté entre 15 et 18% des voix. CQFD. L'électorat de Bayrou se divise en deux parties : une première moitié, composée d'électeurs indépendants, prêts à repartir chez Sarkozy. Une autre moitié, composée de bobos déçus par la gauche, parfois trotskistes, et qui ont cru trouver une échappatoire avec Bayrou. Résultat : si Bayrou donne une consigne de vote demain, il perdra mécaniquement la moitié de ses voix. On dit toujours qu'au premier tour, on choisit un candidat, et qu'au second tour, on élimine. Le 6 mai, il y aura un vrai choix à faire.
Allez-vous prendre une initiative pour ramener les députés UDF à Nicolas Sarkozy ?
A.S. : Il faut discuter avec les électeurs et non pas avec les états-majors. Pour le reste, je suis bien sûr en contact avec les députés et les sénateurs UDF, qui jouent leur avenir dans les semaines qui viennent. Il faut voir avec eux, en toute cordialité, quelle solution on peut trouver à leur difficulté. On a déjà fait un premier appel en faveur de Sarkozy. Il y a encore une douzaine de députés prêts à nous suivre et à rallier Sarko. Ils attendent que François Bayrou se soit exprimé franchement pour prendre position. Leur situation n'est pas aisée, on leur demande d'attendre dans les tranchées. Ils doivent se positionner pour dans un mois. François Bayrou peut attendre 2012. Pas eux.
Si François Bayrou crée un nouveau parti politique, que se passera-t -il ?
A.S. : Si François Bayrou se pique de créer un nouveau parti, il n'aura pas d'électeurs derrière lui. Il va essayer de ramasser tout ce qui traîne. On a vu des milliers de gens dans les meetings de Bayrou, et notamment à celui de Bercy, le 18 avril. Mais ce n'était pas des gens de chez nous. Il y avait de tout. Des curieux, des rebelles : j'appellerai cela des militants hors sol. Bayrou a fait la voiture-balai dans cette élection. Après quoi, il va s'écrouler. Le 6 mai, il n'aura plus personne derrière lui. Quant à moi, UDF historique je suis, UDF je resterai.
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