Ségolène sait parler aux éléphants


Un article du Monde qui en dit long sur les capacités de rassemblement de Ségolène dans son propre camp. A se demander comment, dans ces conditions, elle pourrait bien rassembler les Français ! Les mauvaises langues rétorqueront que c'est pas étonnant, vu tout le mal que pense Alain Minc (président du conseil de surveillance du quotidien du soir) de la candidate. Présidentielles 2007 a la faiblesse de penser que la journaliste Isabelle Mandraud relate des événements auxquels elle a assisté.


"Ségolène !" Pas de réponse. Sur la scène du Parc des expositions de Charleville-Mézières, Dominique Strauss-Kahn est un peu embarrassé."Allez viens...", enjoint l'ancien ministre, ne sachant plus vers quel côté se tourner. Finalement, Ségolène Royal arrive par la droite de la tribune. Un petit serrement de main furtif à l'angle de l'estrade et elle a déjà glissé vers le micro que "DSK" a abandonné. Pas facile d'accompagner une candidate qui a décidé de reprendre "toute sa liberté" comme elle l'a annoncé, la veille, sur France 2. Pour son premier déplacement commun de campagne, M. Strauss-Kahn, vendredi 16 mars, en a fait l'expérience dans la patrie du poète Rimbaud, auteur d'Une saison en enfer.

Ils s'étaient donné rendez-vous quelques instants plus tôt devant l'usine Porcher, menacée par des licenciements. Accueillie par des salariés, Mme Royal parle d'"ordre économique juste", d'"obligation, pour les entreprises, de rendre des comptes". A ses côtés, "DSK" affiche un sourire distrait et expédie, en dix-sept secondes, un commentaire sur "ceux qui soutiennent la campagne, comme moi, autant que je le peux". Il affiche la même attitude modeste un peu plus tard sur le minuscule podium installé sur une place de la commune. "Dominique n'est pas un éléphant, cela ne fait pas longtemps qu'il est reconnu comme un dirigeant du PS, assurait son ami Christophe Borgel, candidat aux législatives en Seine-Saint-Denis. Il apporte sa pierre à la victoire."


"SOLDATS"


Le soir, à Charleville-Mézières, devant un bon millier de personnes, M. Strauss-Kahn a fait le travail, critiquant François Bayrou - "Ségolène, elle fait campagne avec 100 propositions, François Bayrou fait campagne sans proposition" - et Nicolas Sarkozy : "Sur aucun sujet, il n'essaye d'élever la France. Sur l'Europe, il propose un mini-traité, une petite chose ; sur la France, il est en repli". Mais il doit lui-même dissiper la drôle d'impression qui règne dans son tandem avec Mme Royal. "Hier, à la télévision, elle nous disait qu'il faut qu'elle se sente libre, elle a raison, c'est sa force !, s'est-il exclamé. On n'a pas besoin de commentaires dans cette campagne mais de soldats, et les soldats n'ont pas d'états d'âme mais des états de service." Le "soldat" Strauss-Kahn a assisté, muet, à l'échange entre la candidate et les journalistes au cours duquel elle a expliqué que la présence de son ancien rival représentait "comme Laurent Fabius, un appui très important" mais qu'il s'agissait d'une "contribution prévue de longue date", faisant suite au travail qu'il a fait sur la fiscalité "avec deux collègues". Il "faut avoir, à un moment, la force de se situer au-dessus des partis politiques, tout en s'appuyant sur eux", dit la candidate. " Je suis la seule à proposer ce contrat direct avec les Français." Vendredi, Mme Royal a multiplié les rencontres avec les salariés, les parents d'élèves et la population. De plus en plus, elle privilégie les discours en plein air sur les places publiques, comme à Saint-Brice-Courcelles, où les notes d'une petite fanfare se mêlaient avec un air de Diam's. "J'avance droit devant, le drapeau à la main", commentait en aparté Mme Royal. Samedi, ce devait être au tour du "soldat" Jospin de battre la campagne, dans le Pas-de-Calais, mais sans la candidate.
Isabelle Mandraud (Le Monde)

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